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Mon garagiste est un robot!

Par Sébastien Fanti

Les accrochages, touchettes et autres tôles froissées sont des aléas du quotidien qui peuvent nous empoisonner la vie des semaines durant. L’avenir proche risque d’apporter des solutions radicales à la question des responsabilités. Pour notre bien?

Lundi 8 octobre 2018.

Tom Shark est en retard. Après avoir déposé ses enfants à l’école, il s’engage sur l’autoroute A9 direction de Sierre. A la première sortie, il aperçoit un véhicule qui, venant en sens inverse, semble rencontrer des difficultés, sa trajectoire s’avérant des plus aléatoires. Alors que ce véhicule n’est plus qu’à quelques mètres, il oblique subitement, sans que sa direction ne soit prévisible. Le choc est immédiat et impossible à éviter. Tom qui doit se rendre au tribunal pour une audience descend de sa voiture et invective le conducteur responsable de l’accident. Celui-ci ne nie pas avoir opéré une manœuvre dangereuse et propose de signer un constat amiable. Une fois ces formalités accomplies, Tom appelle son garagiste et évoque avec lui les réparations à entreprendre sur son véhicule. Le garagiste lui précise que pour des raisons liées à la garantie, les travaux de carrosserie doivent être diligentés auprès de l’agence officielle de la marque. Quelques semaines plus tard, alors que les travaux de réparation ont été réalisés à satisfaction, Tom reçoit une lettre de l’assureur du conducteur responsable: «Cher Monsieur… il s’avère que les travaux réalisés excèdent manifestement le coût moyen… dès lors nous ne rembourserons que 70 % de la facture qui nous a été soumise». Il fulmine. Ce courrier est annonciateur d’une longue procédure avec expertise et tout le toutim. Il va falloir démontrer que le coût des travaux n’est pas prohibitif. Après moult tergiversations et aléas procéduraux, une décision favorable est finalement rendue… 24 mois plus tard!

Mardi 8 octobre 2024

Tom Shark se rend au Tribunal en voiture autonome. Il a opté pour le modèle berline A de la marque Fulgurator, une marque qui est apparue il y a deux ans à l’initiative d’un ancien ingénieur de Google. A la sortie de Sierre pour des motifs inconnus, le véhicule qui lui fait face s’écarte de la ligne idéale de conduite et vient percuter l’avant-droit de son petit bijou. Il descend alors et présente à l’autre conducteur une tablette permettant d’adresser directement aux assureurs le constat amiable électronique. Cette démarche lui prend moins de cinq minutes. De retour dans sa voiture, il appuie sur le bouton SOS figurant dans l’habitacle, ce qui génère un contact immédiat avec le représentant du constructeur du véhicule. Celui-ci lui propose de venir le chercher dans dix minutes. Ayant un peu de temps avant l’audience, il accepte. Lorsque le véhicule de dépannage se présente, une drôle de machine en est extraite. Il s’agit d’un scanner qui est utilisé pour identifier les dommages occasionnés au véhicule. Les images sont ensuite transmises au centre de contrôle qui, au moyen d’algorithmes, estime immédiatement le coût de la réparation et envoie son devis à l’assureur du responsable. La marge d’erreur est de 1 %. Lorsque les assureurs ne sont pas d’accord, un fond de différenciation des prestations d’assurance créé pour éviter des litiges inutiles assume le différentiel. Lorsqu’il rentre chez lui le soir même Tom trouve dans sa boîte de courriel un rapport des événements de la journée, ainsi que la mention de la clôture du cas après que la réparation ait été acceptée par toutes les parties. Il peut consacrer son temps, au demeurant précieux, à d’autres tâches moins rébarbatives.

Cet article a été publié dans la lettre de réflexion Antipresse n° 149 du 7 octobre 2018.